Un doctorant de l’UQAM explore le développement positif des jeunes en HLM

Nouvelle
Jérémie Latreille est en contact avec les jeunes des HLM depuis quelques mois déjà. Il avait d'ailleur pris part au Défi sportif organisé par le MOUV à l'été 2018.

Jérémie Latreille est en contact avec les jeunes des HLM depuis quelques mois déjà. Il avait d'ailleur pris part au Défi sportif organisé par le MOUV à l'été 2018.

Jérémie Latreille, étudiant au doctorat en psychologie communautaire de l’Université du Québec à Montréal, souhaite se pencher sur un aspect peu étudié auparavant : le développement positif des jeunes en HLM. Fils d’une mère psychologue, Jérémie Latreille s’est toujours intéressé aux sciences humaines, et à la psychologie en particulier. « Mais il manquait l’aspect social », indique-t-il d’entrée de jeu. Il a alors découvert la psychologie communautaire et ses modèles écologiques qui permettent d’analyser un ensemble d'influences pouvant agir sur le développement de l'individu.

« La psychologie communautaire s’attarde à comprendre ce qui, dans la société et les communautés, influence le bien-être des individus. Parallèlement, j’ai été séduit par la psychologie positive, ou l’étude de ce qui va bien chez l’individu », ajoute le jeune homme de 30 ans.

Le futur docteur en psychologie avait précédemment complété une thèse d’honneur – pour l’obtention de son baccalauréat – en compagnie de Janie Houle, psychologue communautaire bien connue dans l’univers de la recherche dans les milieux HLM. « J’avais alors étudié la simplicité volontaire. Mais Janie, qui avait elle-même étudié comment les HLM peuvent devenir des leviers positifs pour les personnes qui y vivent, m’a aiguillé vers mon projet de thèse pour lequel je me prépare depuis près de deux ans. »

Pour préparer son projet, le chercheur a lu, beaucoup lu pour s’assurer de bien choisir la façon d’aborder la question. « J’ai lu énormément sur les jeunes en HLM, sur le développement positif des jeunes, sur les phénomènes humains positifs, sur les milieux HLM… Mais aucun article scientifique n’a été écrit sur le développement positif des jeunes en HLM. Puisque dans la recherche il nous faut trouver du nouveau, j’ai voulu contribuer à quelque chose de concret en orientant ma recherche là-dessus », précise M. Latreille.

Milieux communautaires

L’une des prémisses de sa recherche est que lorsque l’on vit en HLM, on vit dans un milieu communautaire, augmentant du fait-même le sentiment de communauté. « En théorie, entretenir un sentiment de communauté améliore le bien-être et les conditions de vie et diminue les facteurs de risque comme la délinquance et la toxicomanie, à titre d’exemple ».

Ces aspects négatifs ont par ailleurs beaucoup été étudiés dans la littérature. Mais ce n’est pas ce qui intéresse notre chercheur. « Nous, ce qu’on souhaite étudier, ce sont les facteurs de protection qui sont propres aux milieux HLM. On aimerait mieux comprendre ce que peut apporter cet environnement résidentiel particulier et mettre en valeur les côtés lumineux de cette situation. Nous allons aussi regarder ce qui pourrait être amélioré pour que le milieu HLM soutienne encore mieux le développement positif des jeunes », explique-t-il. Parmi les facteurs de protection – et facteurs de réussite – connus, il y a le fait d’avoir des modèles, d’avoir un sentiment de communauté et de faire des activités sportives. « Ceux-là, on les connaît. Mais nous souhaitons trouver plus de facteurs de protection et pour y arriver, je vais rencontrer des jeunes, discuter de leurs projets et analyser la façon dont ils parviennent à les réaliser. »

Entrevues avec 40 jeunes

Jérémie Latreille a eu des échanges avec des employés du Service du développement communautaire et social et a été mis en contact avec les jeunes du MOUV, le mouvement des jeunes en HLM. « Les membres du MOUV sont impressionnants et me sont d’une grande aide pour orienter mes recherches », précise M. Latreille. Ce dernier recrutera 40 jeunes pour mener à bien son projet : 10 garçons et 10 filles de 14 à 17 ans, et 10 jeunes hommes et 10 jeunes femmes de 18 à 24 ans.

Après avoir identifié ces jeunes, qui seront issus de quatre milieux différents (les quatre ensembles HLM dans lesquels on retrouve le plus de familles), il échangera avec eux sur leurs projets. À l’aide de grilles permettant de mesurer l’importance de différentes dimensions qui seront prises en compte, il souhaite mesurer ce qui influence les projets personnels des jeunes qui, en retour, influence leur bien-être. Parmi les principaux facteurs étudiés notons :

  • l’environnement résidentiel (ex. : le milieu physique et bâti, la nature et les parcs, et la structure fonctionnelle (les commerces à proximité, la présence de maisons de jeunes), etc.);
  • le facteur participatif (ex. : la participation à des activités – communautaires, sportives, culturelles, etc.);
  • le facteur culturel (ex. : les relations humaines, la composition familiale, etc.);
  • le facteur personnel (ex. : l’origine ethnique, l’âge, le sexe, etc.).

« J’espère que les résultats de ma recherche pourront être utilisés dans l’avenir par les intervenants qui sont en contact avec les jeunes, ou par les jeunes eux-mêmes, dans la poursuite de leurs projets. Mettre en valeur ce qui est fait de bien, travailler avec des modèles théoriques concrets et travailler sur l’aspect communautaire rejoint réellement mes intérêts et mes valeurs », conclut le chercheur.

Si tout fonctionne comme prévu, nous pourrons prendre connaissance des résultats de sa recherche en septembre 2020. Nous avons déjà hâte d’en connaître les conclusions!